PBS

Pôle des Biotechnologies en Société

Equipe de recherche en Sciences Humaines et Sociales, localisée à SupBiotech (Campus de Villejuif)

Le programme de recherche du PBS vise à étudier empiriquement les biotechnologies productrices de nouvelles formes de vie, génératrices d’entités susceptibles de redéfinir les modes de composition entre humains et non humains, entre entités biotiques, hybrides et abiotiques.

Perspective de recherche

Le programme de recherche que développe le PBS porte sur les biotechnologies et les entités qu’elles produisent : que ce soit avec les organoïdes (ce terme, signifiant « qui ressemble à un organe », désigne des « structures tissulaires tridimensionnelles qui s’auto-organisent in vitro, utilisées comme modèle en recherche biomédicale), les « nouvelles techniques d’édition des génomes » , avec l’ingénierie cellulaire (i.e. cellules souches, embryonnaires et iPS), le clonage ou encore les techniques de biocontrôle en agriculture, les biotechnologies contribuent effectivement à la prolifération de formes de vie (i.e. organoïdes humains ou animaux, plantes génétiquement éditées, chimères, humain modifié (cf. bébé à 3 ADN et « bébés Crispr »), cellules souches, entités de biocontrôle (comme les virus) etc.), amenées à circuler au-delà des murs des laboratoires où elles ont été élaborées.

La perspective théorique adoptée s’intéresse à ces techniques en ce qu’elles permettent la constitution de prises sur le vivant, sur des processus vitaux (reproduction, croissance, régénération, sénescence…), contribuant par-là à redéfinir les capacités d’action (leur agentivité, agency) des entités vivantes concernées. Il en résulte diverses modalités d’existence de telles entités – ce qui joue sur leurs modalités de socialisation et leurs ontologies – qu’il s’agit d’explorer et de rendre intelligible. C’est que les entités qui peuplent notre société ne composent pas une liste d’existants fermée (Latour 2004). Au contraire, cette liste est ouverte : de nouvelles entités sont susceptibles d’être candidates à devenir membre de notre collectif (soulevant des enjeux sur leur statut). D’où l’objectif de ce programme qui vise à étudier empiriquement les biotechnologies productrices de nouvelles formes de vie, génératrices d’entités susceptibles de redéfinir les modes de composition entre humains et non humains.

Thématiques de recherche

Axe 1 : Les biotechnologies dans le domaine biomédical

Le déploiement des biotechnologies dans le domaine biomédical s’inscrit dans de nouvelles manières de pratiquer la recherche et de soigner : médecine de précision (qui vise à adapter les thérapies au profil génétique des patients avec les tests diagnostic-pronostic (susceptibilité) et la pharmacogénomique par exemple) ; médecine régénératrice (cellules souches, biomatériaux; exosquelette, cyborgs, et autres formes d’hybridation technologique) ; thérapie génique (au niveau des cellules somatiques, et en ligne de mire germinales) ; transplantation (xenogreffe), en sont des exemples.
De nombreuses questions en biomédecine sont ainsi soulevées, comme les questions éthiques et règlementaires avec la mise en banque du vivant ; celles liées à l’augmentation de capacités sensorielles, cognitives et autres avec la thérapie génique ; ou encore, celles liées à la transformation (transmissible) du génome avec les techniques d’édition des génomes. Mais ce n’est pas tout, car ces évolutions pointent de nombreux autres enjeux, comme ceux de nature économique avec la bio-ingénierie et les droits de propriété intellectuelle (qui orientent vers un marché des ressources biologiques), ou bien de nature politique, avec les enjeux de confidentialité et de santé publique (protection de la vie privée, égalité d’accès…).

Plus fondamentalement ce programme vise à éclairer le travail de régulation de ces entités : comment sont-elles désignées ? Quels pouvoirs leurs sont conférés ? Au sein de quels agencements sont-elles employées ? A quelles régulations donnent-elles lieu ? Ces pratiques engendrent des questionnements de recherche plus précis et sont associés à des enquêtes empiriques.  C’est le cas avec le projet “Les organoïdes en action : Approche interdisciplinaire en sciences sociales” (Organact) financé par l’ANR (2023-2026). Ce projet, coordonné par Fabien Milanovic s’intéresse, à l’aide d’une approche interdisciplinaire combinant sociologie, anthropologie et droit, aux organoïdes humains et aux enjeux qu’ils soulèvent dans leur production, leur circulation et leurs utilisations. Un premier objectif consiste à explorer les pratiques biomédicales (soin et recherche) qui s’appuient sur des organoïdes : diversité des organoïdes et de leurs enjeux (selon les types d’organoïdes et la nature des cellules originelles), des lieux où ils sont utilisés (laboratoire, programme de recherche, hôpital, plateforme), des acteurs impliqués (publics et privés), et des activités où ils sont déployés et de leurs finalités. Un autre objectif vise à comprendre l’impact des organoïdes sur les pratiques biomédicales, en quoi (et, le cas échéant, vers quoi) ils les font évoluer. Quelle est la nature de ces organoïdes ? Comment sont-ils qualifiés ? Que rendent faisable et quelles difficultés posent leur production et leurs utilisations dans la recherche biomédicale ? De quelles régulations sont-ils la cible ? Pour documenter ces objectifs et mettre à l’épreuve nos hypothèses, une enquête interdisciplinaire de terrain est en cours, doublée d’une analyse juridique classique basée sur l’étude du droit applicable.

Axe 2 : Les biotechnologies dans le domaine environnemental

La montée en puissance des enjeux écologiques liés aux changements globaux (bouleversements climatiques, érosion de la biodiversité, etc.), les derniers développements liés aux groupes des techniques d’édition des génomes dans le domaine végétal (NBPT), le regain d’intérêt envers les techniques de biocontrôle et les enjeux d’une agriculture durable convergent pour conférer une acuité particulière aux innovations et controverses impliquant certaines des technologies qui concernent le vivant. Celles-ci donnent lieu à des études de cas appréhendée au sein d’une biopolitique étendue aux non humains.

Un premier aspect de cette biopolitique concerne les entités et les biotechnologies en jeu. Ce peut être les « nouveaux OGM cachés » produits à l’aide des NBPT, du gene driving (« forçage génétique ») ou de techniques de biocontrôle comme celles utilisant les virus. Un autre aspect porte sur les marchés en jeu (constitution de biens, organisation de filières, encadrement des marchés de biens et de services). Un dernier aspect porte sur les collectifs que ces pratiques font émerger et où se reconfigurent les liens entre humains et non humains. Le projet de recherche multipartenarial PHAG-2S, financé par le CASDAR (FranceAgrimer) sur la période 2022-2025, s’inscrit dans ce cadre. Il est doté d’un double objectif. Tout d’abord, il vise à explorer la phagothérapie comme nouvelle stratégie de lutte contre les bactérioses végétales dans l’agriculture. La phagothérapie consiste en l’utilisation de bactériophage en lutte biologique. Elle est désormais considérée comme une piste prometteuse pour l’agronomie et une agriculture durable. A ce versant biologique s’ajoute un versant sociologique dont le PBS a la charge. L’apport des sciences sociales à ce projet consiste à appréhender le recours à des virus bactériophages comme relevant d’un « processus d’innovation » en cours de réalisation. L’enquête empirique a pour objet de documenter ce processus et d’apprécier l’extension du réseau, où sont employés ces phages, à d’autres acteurs que scientifiques et techniques (agriculteurs-producteurs, distributeurs etc.). Il s’agit ainsi d’apprécier la contribution de cette innovation à la constitution d’une communauté d’acteurs en phagothérapie agricole en portant l’attention sur les trois dimensions biopolitiques énoncées ci-dessus.

Fabien MILANOVIC

Après avoir soutenu sa thèse dans le domaine de la sociologie des sciences et des techniques à l’université Paris 5-Sorbonne, Fabien Milanovic a été impliqué en tant que chercheur dans une équipe de recherche de l’Inserm, sur le site de l’Ecole de médecine de Toulouse. 

Il y a étudié les ressources biologiques (collections d’ADN, de tumeurs cancéreuses, de cellules souches…) et leurs utilisations, dans le domaine de la recherche biomédicale et des soins. Il s’est intéressé ensuite aux ressources génétiques végétales et animales, sur le plan de leurs usages en lien avec la biodiversité. Enseignant chercheur, il est responsable du département des sciences humaines, économiques et sociales et responsable du PBS. Il coordonne actuellement le projet Organact évoqué ci-dessus, et est en charge du volet sociologique du projet PHAG-2S coordonné par Franck Bertolla (MCF au laboratoire d’écologie microbienne de l’université Claude Bernard de Lyon). Plus largement investi dans la thématique des biotechnologies et de leurs mobilisations dans l’exploitation des ressources biologiques (humaines, végétales, animales), il est membre du conseil scientifique d’AgroParisTech, du GDR Organoïdes et de l’équipe « Anthropologie de la vie » du Laboratoire d’Anthropologie Sociale (LAS, UMR 7130, Collège de France, EHESS, CNRS).

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Cécile VERMOT

Cécile Vermot est enseignante-chercheuse en sociologie. Après avoir soutenu sa thèse, elle a développé des recherches en lien avec la santé, les émotions et le genre. Depuis 2019, en tant qu’enseignante-chercheuse au sein du PBS, elle s’intéresse à l’usage des biotechnologies dans les pratiques de mobilité, en prenant en compte le genre et les émotions. En tant que membre de l’Institut Convergence Migration, elle a initié un atelier exploratoire sur les mobilités biotechnologiques, le corps et les marchés. Elle participe également aux deux projets du PBS indiqués ci-dessus (ANR ORGANACT et PHAG-2S). En parallèle, elle développe actuellement un projet de recherche sur la circulation du lait maternel humain. Elle a été élue au conseil d’administration du RN11 « Sociologie des émotions » de l’European Sociological Association, au conseil d’administration du WG08 « Emotions and society » de l’International Sociological Association. Elle est également membre du groupe de travail GT07 « Emotions et société » de l’Association internationale des sociologues de langue française.

Publications du PBS (sélection)

Articles (revues avec comité de lecture)

Vermot C, 2020, « L’Argentine entre désamour et nostalgie chez les migrants argentins à Miami et Barcelone », Sociétés. Revue des Sciences Humaines et Sociales, numéro spécial : L’amour comme scandale, Coord. Adrian Scribano, Vol 148 (2), publication en cours.

Milanovic F., Merleau-Ponty N. & Pitrou P., 2018, Biobanks and the reconfiguration of the living, New Genetics and Society, 37:4, 285-295, DOI: 10.1080/14636778.2018.1548686

Milanovic F., Lefèvre F., 2018, “Biobanking in forestry practices: towards an agency policy?”, New Genetics & Society, in the special issue “Biobanks and the reconfiguration of the living” (co-edited by Milanovic F., Merleau-Ponty N., Pitrou P.), 37(4): 411-434. DOI: 10.1080/14636778.2018.1548270

Milanovic F., 2018, « Protéger des espaces naturels. Régimes pragmatiques de gestion et rapports au vivant », Revue d’Anthropologie des Connaissances, 12 (1) :57-80. DOI : 10.3917/rac.038.0057. URL : 

Milanovic F., Merleau-Ponty N., Pitrou P., 2017, « Biobanques: quelles reconfigurations pour le vivant? Approches interdisciplinaires et comparatives », Nature Sciences Sociétés, 4 (Compte-rendu du colloque de mai 2016 publié dans la rubrique ‘Vie de la recherche’), Vol. 25 (3) : 268-275.

Proux V., Milanovic F., 2017, « Valeur de la formation et formation aux valeurs éthiques dans le domaine des biotechnologies industrielles » Annales des mines – Réalités Industrielles, Février, p. 76-79.

Chapitres dans des ouvrages collectifs

Vermot, C., Milanovic F., 2022, Pandemic Covid-19 and controversy in France, Emotions and society in difficult times, Cambridge Scholars Publishing, .

Milanovic F., 2022, “Ce que les biobanques font au vivant. Et réciproquement. Le cas des tumorothèques en France “ in E. Clarizio et al. Conserver le vivant. Les biobanques face au défi de la médecine personnalisée, édition matériologiques, pp.209-234.

Vermot, C. 2020, La regulación del cuerpo/emoción y la vulnerabilidad de los facilitadores de prevención VIH-ITS en Francia, Vulnerabilidad, pobreza y políticas sociales: abanico de sentidos América Latina, Europa y China. Angélica De Sena (compiladora), LOM  Ediciones , Santiago de Chile (en cours d’acceptation)

Vermot C. and Gugolati M. 2019, Parody, satire and the rise of populism under postcolonial criticism: A French and an Italian case, IN Populism and Postcolonialism, Coord, Scribano A., Korstanje M., Timmerman F., Routledge

Milanovic F., 2019, « Des O.V.N.I sur terre ? Discernement et procédure au sein de l’ingénierie biotechnologique », in Actes du Colloque Ingenium « Discernement et Procédure », 2 décembre 2017, CNAM-Paris, travail d’édition en cours.

Milanovic F., 2018, « Socialiser le vivant tumoral. Episode 1 : De la mise en banque des tumeurs à leurs variations ontologiques », in Xavier Bioy (s/s la dir.), La régulation publique des centres de ressources biologiques. Le cas des tumorothèques, Bordeaux : LEH édition, pp.101-115.

Milanovic F., 2018, « Socialiser le vivant tumoral. Episode 2 : Des modes d’existence des collections d’échantillons biologiques », in Xavier Bioy (s/s la dir.), La régulation publique des centres de ressources biologiques. Le cas des tumorothèques, Bordeaux : LEH édition, pp.117-130.

Milanovic F., 2018, “Socializing Tumors. From the conservation of tumors in banks to their ontological variations”, in Xavier Bioy (editor), Public regulation of tumor banks, London: Springer, pp.73-84.

Milanovic F., 2015, « Utilitarisme et rapports à la nature: la fin d’une démesure ? Sur les modes d’existence et l’agentivité du vivant », Actes du 2ème congrès international de l’AFEA sur la « démesure », 30 juin-3 juillet, Toulouse.

Membres actuels

Actualités

  • Recrutement d’un·e chargé·e administratif & logistique des laboratoires de recherche

    Au sein des laboratoires de recherche de SupBiotech, le·a Chargé·e Administratif, Logistique et Technique, joue un rôle clé dans le bon fonctionnement de nos laboratoires. Cette personne sera chargée de faciliter les activités quotidiennes de nos équipes de recherche en gérant les tâches administratives, notamment liées aux commandes, et en supervisant la logistique et la…

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  • Éthique et organoides

    Le GDR organoide organise dans le cadre de ses webinaires une présentation dédiée aux questions éthiques et sociétales liées aux organoides. Ce Webinaire aura lieu le 30 juin 2023 (13h-14h) Pour ce Webinar seront accueillis : Dr. Fabien MILANOVIC (sociologue, SupBiotech-LAS) Dr. Baptiste MOUTAUD (anthropologue, LESC CNRS) Adrien BOTTACCI (juriste, doctorant AMU ADES/DICE) qui présenteront…

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  • Colloque de la recherche à SupBiotech : l’Humain de Demain

    Comment sera façonné l’humain de demain ? C’est la question au cœur du colloque de la recherche qui s’est tenu à SupBiotech, l’école des ingénieurs en biotechnologies, le 31 mai 2023. Des présentations de posters scientifiques mettant en avant les travaux de recherche menés par les laboratoires de SupBiotech, accompagnés de pitchs, ont animé l’ensemble…

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Les anciens du labo

VICTORIA JOUANNOU

Etudiante SupBiotech promo 2017
Pendant plus de 6 mois , Victoria a accompli une mission d’assistante de recherche pour le PBS, et a contribué à l’organisation d’un séminaire sur les enjeux de la fécondation in vitro.

JEAN-PHILIPPE DE OLIVERIA

Enseignant-Chercheur en Sciences Humaines et Sociales

MARION CANALE

Etudiante SupBiotech 2019

L’objectif de cette collaboration était d’organiser un séminaire sur la thématique des cellules souches, les innovations biotech et les discussions éthiques qui en découlent.

Nos autres laboratoires

Laboratoire CellTechs

Laboratoire Bio-Information Research Laboratory (BIRL)

Laboratoire de Recherche Partenariale en Ingéniérie Agroalimentaire (LRPIA)